Peer Arbitrage in Markets
Introduction
Peer Arbitrage in Markets refers to the notion that the market is not left to itself and the power structures determining it, but that prices are also informed by a form of social arbitrage based on dialogue between the parties. This entry is inspired by the work of the French economist Maurice Decaillot.
Comment
Comment by Michel Bauwens on the context:
Remember that peer to peer theory uses the relational model of intersubjective relations of Alan Page Fiske, which says that there are four basic modes of inter-relating: 1) non-reciprocal communal shareholding, what I call peer to peer; 2) authority ranking; 3) equality matching (reciprocity, the gift economy); 4) market pricing. All epochs have had a combination of those, but usually with one dominating and influencing the others. Thus, peer to peer theory believes that, if contemporary capitalism is unsustainable, that it is unlikely to be replaced by a marketless and stateless society, but rather, it will be a commons-based society, within a reformed market and state environment. The four models of relations will co-exist but under the influence of the new dominant model of peer to peer. I am therefore looking at approaches which concurrently replace the four modes separately (but in a differentiated and integrated manner), but informed by the peer to peer ethos. Natural capitalism is such an approach, developed in the U.S. and which I have presented before. This is another one, which I have yet to study. Maurice Decaillot has published a series of books on reforming the market into one based on equitable exchange, the latest one which is reviewed by L'Humanite. In the quote we have chosen, Maurice Decaillot shows the point I'm making with exactitude: he envisage a market, informed by `peer to peer intervention', i.e. the market pricing mode under the dominant influence of the Commons. As a consequence, I consider this discovery as a key advance in my explorations of peer to peer theory.
Discussion
1. Towards peer to peer arbitrage in markets
« L'avenir me paraît être du côté de l'émergence de formes qui donnent à l'échange d'activités, aux transactions économiques, une forme plus élaborée, plus articulée, que la forme " transaction marchande ". Celle-ci apparaît, en fait, fruste, en ce sens qu'elle n'est pas un signal totalement explicite des demandes et des offres sociales concernées. En ce sens aussi qu'elle implique, entre les prix et les quantités, un lien circulaire qui fait dériver le marché vers la position dominante des uns et captive des autres. Pourquoi ne pas imaginer - loin de toute démarche autoritaire ou administrative - une fixation des prix par un arbitrage public, mettant tous les partenaires impliqués en présence ? Autrement dit, un processus socialement accepté de fixation de normes d'échange, qui serait préalable à l'acte de production lui-même, de telle sorte qu'on ne produirait pas dans le vide ou dans l'incertain : j'ai en vue, par exemple, les relations entre les agriculteurs et les grandes surfaces. Au fond, il existe aujourd'hui une idéologie de la " mondialisation " qui proclame que tout ce qui n'est pas conforme à la norme marchande est archaïque, ringard, inefficace... Or, initiatives et spécificités - de tel ou tel peuple, de tel ou tel groupe social - sont indispensables, précisément, si l'on veut promouvoir des dynamiques nouvelles pour parvenir à de nouvelles façons de coopérer à l'échelle mondiale, et impulser les activités économiques socialement innovantes dont notre société a besoin... » (http://www.humanite.presse.fr/journal/2003-11-06/2003-11-06-381985)
2. Book Review
« Abordant une nouvelle fois l'épique question de la " valeur travail ", Maurice Decaillot veut " écarter à la fois l'illusion marchande voulant voir dans les prix de marché distordus et leurs criantes inégalités les contreparties de travaux réels, et le postulat d'une indifférenciation générale des travaux qui nourrit un égalitarisme formaliste ou distributif toujours en échec ".Son " juste prix ", sous-titré : " Étude sur la valeur travail et les échanges équitables " voudrait contribuer à " changer l'échange ". Car l'auteur en est convaincu : " Bien des circonstances laissent à penser que, à terme aujourd'hui envisageable, des ensembles de population devront, face à des situations de plus en plus difficiles, envisager concrètement un avenir économique échappant aux tenailles du trafic marchand et de l'exploitation du travail. "Or promouvoir l'" échange équitable " - tel que s'y évertuent déjà certains producteurs notamment au Sud - nécessite, entre autres mais de façon déterminante, de se soustraire au diktat à la fois idéologique et comptable, du marché dans la fixation des prix, des prix eux-mêmes " équitables ". Le " juste prix ", voilà donc, l'objet de l'étude de Maurice Decaillot. Et s'il s'adresse, comme il le souligne lui-même, aux promoteurs contemporains et à venir de l'" échange équitable ", c'est tout autre chose qu'un recueil de recettes à la façon dont il élargit son propos. Faisant référence à " l'étatisme effondré des pays de l'Est ", l'auteur repousse tout autant les " dogmes " libéraux que la tendance à un retour à l'illusion d'une économie sans échange (la gratuité ?), fondée sur " l'indivision des richesses de la société " et qui risque, en confondant marché et " échange social ", " de rencontrer les mêmes échecs que par le passé, et notamment la confiscation oligarchique des pouvoirs ".
Ainsi donc, avant de s'attacher aux " procédures d'évaluation " qui président à l'élaboration de prix échanges équitables, Maurice Decaillot fait-il un rigoureux et ardu détour par la théorie de la valeur travail, c'est-à-dire par la " mesure " - si l'on peut dire - de la division sociale du travail, qu'il fait remonter à Platon et à Aristote avant de réinvestir, de façon critique, Marx, distinguant par exemple chez lui " une ambiguïté notable concernant l'avenir du travail " (...). Celui-ci, s'interroge Decaillot, est-il appelé à être " aboli " ou plutôt " émancipé " ? Devra-t-on se résigner à y voir un inévitable " royaume de la nécessité ", le " royaume de la liberté " ne commençant que hors de son champ, par " l'extension du temps libre ? ". Or, pour l'auteur, la forme moderne du travail - et du non travail -, qu'on ne saurait confondre avec " les formes marchandes salariales ", ne rend pas caduque la théorie de la valeur travail. Bien au contraire, celle-ci sert (est au service de) l'échange équitable en ce qu'elle rend compte de la division sociale du travail grâce à quoi l'équité se trouvent être au centre du commerce des hommes et non plus un supplément d'âme. Bref, on passerait d'une éthique de l'économie à une économie éthique ; cela s'appelle aussi la démocratie. »
More Information
Books : Maurice Decaillot, 1) Valeur travail. Le juste prix, de Maurice Decaillot. Éd. L'Harmattan, 158 pages, 13,75 euros.2) Au-delà du marché, l'économie humaine (La Dispute) ; 3) Demain l'économie équitable (L'Harmattan) 4) les contributions de l'auteur à l'ouvrage collectif dirigé par J.-C. Delaunay le Capitalisme contemporain, des théorisations nouvelles ? (L'Harmattan).
See also : « Le raisonnable et l'équitable. Rapports marchands et justes prix », Serge Latouche, Ed. L'Harmattan, Paris, 2000.
More information on and by Maurice Decaillot :
- Y'a-t'il une vie après le marche?, http://www.espaces-marx.eu.org/Archives/Marx_98/Contributions/Autres%20contributions/Decaillot.html
- Interview with Politis magazine, at http://www.politis.fr/article385.html