Plateformes en Communs

From P2P Foundation
Jump to navigation Jump to search

*http://plateformes.coopdescommuns.org/

Projet

Plateformes en Communs est un projet de la Coop des Communs. Nous regroupons des personnes venant de cultures différentes (Economie Sociale et Solidaire, Économie collaborative, Communs) qui souhaitent créer des alliances et des convergences entre ces mondes.


Nous pensons qu’une nouvelle génération de plateformes collaboratives émergent et nous accompagnons leur structuration et les innovations sociales qu’elles portent : nouvelles gouvernances plus inclusives pour leurs communautés, partage de la valeur, innovations organisationnelles...


Plateformes en Communs rassemble ou crée un ensemble d’outils en commun entre communautés et plateformes pour répondre aux problématiques communes et innover


Nous facilitons ainsi également l’apparition d’une nouvelle génération de plateformes collaboratives innovantes dans la production de communs et dans la gouvernance de leurs communautés

Les plateformes

Les plateformes membres de Plateformes en Communs se reconnaissent dans les 5 points de la charte et dans le manifeste. Elles développent des voies innovantes de gouvernances de leurs communautés et intégrent la production de communs.

Charte

Les membres de Plateformes en Communs sont des organisations ou collectifs structurant des relations de pair à pair entre individus et/ou organisations dans un objectif de production de services, de biens ou de connaissances et qui s’engagent à respecter les 5 principes de la charte suivante.

1) Gouvernance inclusive

Les plateformes sont des organisations ou des collectifs démocratiques dirigés par leurs membres. Elles définissent la nature de leurs différentes parties prenantes (utilisateurs, travailleurs, propriétaires, collectivités locales…), leurs statuts et rôles respectifs dans la gouvernance. Elles tiennent ces informations compréhensibles et accessibles sur leur site et à jour. La gouvernance des plateformes recherche des pratiques inclusives pour ses parties prenantes, notamment pour ses utilisateurs et salariés. Les plateformes recherchent aussi souvent que possible la mise en place de mécanismes de décisions horizontales collectives et assure la transparence des décisions et des deliberations.


2) Partage de la valeur

Les plateformes peuvent être à but non lucratif, à lucrativité limitée ou lucratif mais doivent organiser une redistribution de la valeur générée vers l’ensemble des acteurs participant à la créer ou vers une mise en réserve impartageable considérée comme commun de la plateforme. Au delà, le cas échéant, la plateforme peut redistribuer vers la société civile ou vers des actions de solidarité. Les plateformes organisant directement ou indirectement des relations de travail ou de services s’engagent à protéger les travailleurs de la plateforme dans l’exercice de leur travail et à mettre en place une rémunération équitable. Les utilisateurs et les travailleurs de plateforme ont la possibilité de participer au capital de la plateforme en s’inscrivant dans le troisième principe coopératif tel que défini par l’Alliance Coopérative Internationale*. Une partie des réserves est impartageable et constitue le commun de la plateforme.


3) Ethique des données

Les plateformes sont transparentes sur l’utilisation des données individuelles. Elles recherchent le consentement des utilisateurs en cas d’utilisation externe de leurs données et informent sur les objectifs poursuivis et dans le cas de leur valorisation financière. Les plateformes sont transparentes sur l’utilisation de donnés pour déterminer la fixation des prix. Les données collectives des utilisateurs sont protégées. Leurs conditions et pays de stockage sont précisés. Les plateformes affichent les conditions dans lesquelles elles collectent, notent, diffusent et transfèrent les données. Les plateformes mettent en œuvre les moyens de compréhension de leurs contrats par les utilisateurs. Elles s’interdisent des changements unilatéraux de contrat sans notification préalable et informent les utilisateurs sur les enjeux.


4) Production de Communs

Les plateformes constituent des communs au service d’un projet et de l’ensemble de leurs utilisateurs et salariés. Elles définissent également leurs propres ressources qui appartiennent à tous. Ces communs et les créations collectives réalisées sur la plateforme sont placés sous licence libre ou à réciprocité renforcée.


5) Coopération entre les membres

Les plateformes mettent en place des échanges de pratiques et d’outils en Communs permettant un co-développement et facilitant l’emergence de nouveaux projets. Les plateformes participent à la création d’un Commun des Communs en partageant au moins un élément de leur structure (statuts, logiciel, documentation du modèle économique…) avec divers degrés d’ouverture, de transparence et de partage, protégeant et étendant les Biens Communs.

Charte en écriture collaborative permanente. Version du 19 novembre 2017

Manifeste

L’émergence des premières plateformes collaboratives et d’une économie du partage a suscité un formidable espoir de renouveau social et économique. L’utilisation nouvelle des technologies de réseau, accessibles à tout moment, permet la création d’organisations horizontales permettant l’échange et la production directs entre individus et sans intermédiaire. Les communautés peuvent s’organiser et inventer de nouveaux rapports au travail, développer l’usage plutôt que la possession, améliorer le cycle de vie des objets, inventer de nouveaux modes de consommation et de financement, intégrer une véritable approche écologique dans ses nouvelles pratiques… Aujourd’hui, force est de constater que les acteurs dominants parmi les plateformes sont éloignés de ses principes. Les plateformes de services fixent les revenus et les conditions de travail, et l’actualité nous montre les fortes tensions que cela peut engendrer. Les villes assistent à des transformations de logements et des évolutions de loyers défavorisant leurs citoyens. Et parmi les sites d’échanges, les plateformes reconstituent une intermédiation prélevant une part de la valeur créée par les communautés sans posséder le moindre des actifs échangés.


Pour l’Economie Sociale et Solidaire, la révolution digitale constitue également un nouvel horizon, dont il faut anticiper les conséquences et exploiter l’ensemble des nouvelles possibilités. Ce changement social et technologique majeur peut permettre un approfondissement des pratiques de l’ESS, tout en portant à un niveau supplémentaire son projet de transformation sociale. De nouvelles pratiques émergentes sont sources d’inspiration et amènent à réfléchir à des hybridations de modèles, les innovations organisationnelles et juridiques des communautés de logiciels libres ; les nouvelles formes de développement des territoires autour de la production des communs ; le développement des plateformes collaboratives permettant la constitution de communautés d’échanges ou de production… Comment se saisir de ces nouvelles possibilités ? Quelle nouvelle gouvernance démocratique permise par les réseaux ? Quel nouveau partage de la valeur entre parties-prenantes dans une économie numérique au coût marginal nul ? Quelles nouvelles facilités pour l’intégration de l’ensemble des parties-prenantes dans un projet commun ?


L’économie des plateformes peut être plurielle et diversifiée. A côté des plateformes capitalistiques, de nouvelles plateformes émergent, plus inclusives, ouvrant leur gouvernance à leur communauté, favorisant des démarches ouvertes et transparentes, recherchant un partage équitable de la valeur créée entre l’ensemble des parties-prenantes… Cette démarche de pluralité de l’économie n’est pas nouvelle. Elle est portée depuis des années par les acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) dans des domaines extrêmement variés et ne demande qu’à être étendue à la révolution digitale. Quelles inspirations des statuts de l’ESS pour intégrer l’ensemble des parties-prenantes dans un même projet (de la SCIC à l’association) ? Quel renouveau possible des relations de travail par la coopération entre freelancers (CAE) ? Comment faire primer l’intérêt de la communauté et du projet sur la recherche du gain financier ? Il n’existe pas de fatalité à ce que l’économie de plateforme ne voit que l’émergence d’acteurs précarisant le salariat ou s’enrichissant sur la production gratuite ou mal rémunérée d’une communauté. Plateformes en Communs réalise une convergence et une alliance entre les acteurs, les pratiques et les valeurs de l’ESS et des plateformes collaboratives pour être source d’un nouvel empowerment des communautés et de développement de nouvelles structures de l’ESS porteuses des pratiques et valeurs permises par de nouvelles possibilités sociales et technologiques.