David Graeber on Interstitial Democracy

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* Article: La démocratie des interstices. Que reste-t-il de l'idéal démocratique ? David Graeber. Revue du MAUSS 2005/2 (no 26), pages 41 à 89

URL = https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2005-2-page-41.htm

Discussion

Reading notes from Michel Bauwens, 2006:


Abstract

In French:

"Dans ce texte, je vais défendre toute une série de thèses. Peut-être la meilleure façon de procéder est-elle de les énoncer d’emblée en raccourci.

  • Presque tous ceux qui écrivent sur le sujet affirment que la « démocratie » est un concept « occidental » dont l’histoire débute à Athènes, et considèrent que ce qui renaît aux xviiie et xixe siècles en Europe de l’Ouest et en Amérique du nord n’en serait pour l’essentiel que le prolongement. La démocratie est ainsi conçue comme ayant pour espace naturel l’Europe occidentale et ses colonies francophones ou anglophones. Aucune de ces affirmations n’est justifiée. La « civilisation occidentale » est un concept particulièrement confus, et s’il réfère vaguement à quelque chose, c’est seulement à une tradition intellectuelle. Or celle-ci est tout aussi hostile que la tradition indienne, chinoise ou méso-américaine à quoi que ce soit qu’on puisse considérer comme relevant de la démocratie.
  • Les pratiques démocratiques – les procédures de prise de décision égalitaires – existent à peu près partout dans le monde, elles ne sont spécifiques à aucune « civilisation », culture ou tradition déterminée. Elles tendent à apparaître en tout lieu où la vie sociale se déroule en dehors des structures de domination systématique.
  • L’« idéal démocratique » tend à émerger lorsque, dans certaines circonstances historiques, les intellectuels et les hommes politiques – qui d’une façon ou d’une autre se fraient habituellement leur chemin en naviguant entre les institutions d’état et les mouvements et pratiques populaires – interrogent leur propre tradition (en dialogue constant avec les autres traditions) pour en extraire des exemples de pratiques démocratiques présentes ou passées afin de démontrer qu’elle contient des germes précieux de démocratie.
  • Ces moments, je les nomme des moments de « refondation démocratique ». Du point de vue des traditions intellectuelles, ce sont également des moments de récupération, au cours desquels des idéaux et des institutions – qui sont souvent le produit de formes d’interaction incroyablement complexes entre des personnes nourries d’histoires et de traditions très différentes – en viennent à être considérés comme résultant de la logique propre à la tradition intellectuelle elle-même. Au cours des xviiie et xixe siècles tout particulièrement, ce n’est pas seulement l’Europe, mais quasiment le monde entier qui a connu de tels moments.
  • Le fait que cet idéal se soit toujours fondé – au moins partiellement – sur des traditions inventées ne signifie pas pour autant qu’il ne serait pas authentique ou légitime ou, du moins, moins authentique et légitime que tout autre idéal. Il présente néanmoins une contradiction : cet idéal s’est toujours basé sur un rêve impossible, le rêve d’un mariage entre les procédures et pratiques démocratiques d’une part, et les mécanismes coercitifs de l’état d’autre part. Ce qui en a résulté, ce ne sont pas des « démocraties », quelque sens que l’on donne à ce terme, mais des républiques ne recelant en général que peu d’éléments démocratiques.
  • L’expérience qui est aujourd’hui la nôtre n’est pas celle d’une crise de la démocratie mais plutôt celle d’une crise de l’état. Si l’on a pu assister ces dernières années, au sein des mouvements altermondialistes, à un regain d’intérêt pour les pratiques et les procédures démocratiques, cela s’est opéré presque entièrement hors des cadres étatiques.
  • L’avenir de la démocratie se joue précisément dans ces espaces. Développons maintenant ces points à peu près dans l’ordre selon lequel je viens de les présenter. Et commençons par cette étrange idée selon laquelle la démocratie serait d’une manière ou d’une autre un « concept occidental »."

(https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2005-2-page-41.htm)


More information

For the source, see: Mauss Review 26 on Alternative Democracy and Alternative Economy

  • Special Issue: Alterdémocratie, alteréconomie. Edited by Alain Caillé and with Immanuel Wallterstein, David Graeber et al . Revue du MAUSS n° 26 [1]
  • La Démocratie aux marges, par David Graeber. traduit par Philippe Chanial, Le Bord de l'eau, 122 p., 12 euros [french-language review: [2])