Talk:FairCoop
En quoi consiste la Faircoop, la coopérative que vous lancez en collaboration avec Enric Duran, l’activiste catalan qui a emprunté à des banques des sommes jamais remboursées ?
Enric Duran, surnommé le Robin des Bois espagnol, fugitif aujourd’hui, est un anarcho-coopérativiste, courant héritier des grands mouvements anarchistes populaires dans les années 30 en Espagne. Il a créé la coopérative intégrale de Catalogne (CIC), en dehors du système : elle fournit nourriture, maison et revenus aux membres de la coopérative, qui ne paient plus d’impôts mais versent de l’argent à la coopérative qui le réinvestit pour répondre aux besoins des gens. Par exemple, en rachetant les logements de personnes menacées d’expulsions, pour leur permettre d’y rester, en échange d’un loyer bien moindre. C’est bon pour tout le monde. Ils ont deux centres assez connus : Calafou , « une communauté post industrielle et post capitaliste », et « Oreo social », qui offre un environnement de travail à bas coût pour les freelancers à Barcelone.
Avec eux, la fondation peer to peer a travaillé au lancement d’une coopérative à partir d’une monnaie alternative qui existe déjà mais qui n’a pas réussi : Faircoin. Elle est égalitaire, moins énergivore que Bitcoin, dont l’un des mauvais côtés est que c’est une rente – le montant croît moins rapidement que la demande, c’est conçu de manière libérale. Le Faircoin sert aujourd’hui à financer des coopératives d’économie solidaire dans le sud. La Faircoop va faire du crowd funding avec une plateforme qui s’appelle coopfunding.net. Tous les coopérateurs paient 5 % de leurs revenus à la coopérative dont une partie servira aussi à acheter des Faircoins. Cela fera monter la valeur de la monnaie.
L’idée est que cette monnaie serve de capital, et qu’elle permette de développer un système de crédit équitable, un crédit mutuel : comme les SEL (« systèmes d’échanges libres »), mais au niveau mondial. C’est ça qui est intéressant : les autres monnaies servent souvent à des communautés entre elles. Là, c’est un système d’échanges en soi. Faircoop est une plateforme de coopération. C’est une coopérative ouverte, structurellement liée au bien commun, donc pas pour le profit, qui doit être réinvesti dans des projets sociaux. On se pense comme une filia, terme qui vient du grec et d’un livre de Neal Stephenson, The Diamond age, qui est un peu la bible du mouvement peer to peer : les filia sont des écosystèmes entrepreneuriaux qui soutiennent des communautés et des communs. C’est un peu la vision des guildes médiévales à Florence et à Venise, ou les fraternités soufies au Sénégal qui vendent des sacs et les accessoires à Paris, ou encore les joueurs de flûte de pan new age équatoriens qui jouent dans le métro… et représentent un tiers du PNB de la vallée de Tovalo. Nous voulons créer des filias éthiques qui s’assemblent autour d’un travail sur un commun, c’est un système économique global qui vise à soutenir une communauté d’intérêts. Le but n’est pas un profit maximal, le but est de soutenir des communautés, de nous permettre à continuer de faire du commun, car ce n’est pas si facile d’en vivre aujourd’hui.