René Passet

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Rene Passet = Argues for a bio-economy (bioeconomie), a mode of economic development which favours immaterial aspects.

Biographie

René Passet est un économiste du développement appartenant à cette tradition française qui a compté dans ses rangs François Perroux. Des années 60 à nos jours, il a déployé une réflexion générale sur l’évolution économique - un terme qui doit être entendu au sens que lui donnent les naturalistes - dans le domaine des faits et des idées puisqu’il s’agit à la fois d’analyser les mutations économiques contemporaines et de changer les cadres de pensée économique pour répondre aux enjeux posés.


Idées sur le développement durable

Dès le milieu des années 60, à travers une série d’articles traitant des seuils et moteurs du développement, René Passet présente une vision critique des conceptions linéaires qui prévalent en la matière, telle celle proposée alors par Walt Rostow. Les comparaisons statistiques effectuées à cette occasion l’amènent à distinguer des sociétés situées dans des "zones de survie", qui destinent l’essentiel de leurs dépenses à l’alimentation et à l’habillement ; des sociétés, dont les conditions de vie se sont améliorées, mais qui sont encore confrontées aux problèmes de l’avoir, avec des dépenses de logement, de transport et de communication ; des sociétés désormais préoccupées par des questions touchant à l’être ou, si l’on préfère, à la qualité de la vie, qui consacrent une part importante de leurs dépenses à la santé, à la culture et aux loisirs. Cette évolution fait que les éléments primordiaux pour le développement économique sont constitués désormais par des activités immatérielles, qui s’adressent à des besoins illimités, et non plus à des activités et besoins matériels, saturables. En 1969, la rencontre de Passet avec le Groupe des Dix, animé par Jacques Robin, va être décisive puisqu’elle va à la fois lui permettre une poursuite de la réflexion économique engagée précédemment et une rupture en découvrant les perspectives offertes par la systémique, la pensée de la complexité et les sciences du vivant. C’est notamment la question de l’environnement - dont Passet va être, en France, un des premiers économistes à prendre la mesure - qui le conduit à repenser l’économie en tant que discipline, une entreprise qui se concrétisera par la publication en 1979 de L’économique et le vivant, qui peut être considéré comme le magnum opus de Passet. Pour reprendre le titre d’un article publié dans Le Monde en janvier 1971, l’économie apparaît comme une "science tronquée" qui ne s’intéresse qu’aux conditions de reproduction du capital et privilégie ainsi la "logique des choses mortes" au détriment de la logique du vivant, que cela soit celle de l’Homme en société ou celle qui s’exprime dans la nature. Si, selon Passet, ces principes économiques pouvaient être légitimes jadis, lorsque le capital constituait le facteur limitant du développement économique et que plus d’avoir équivalait alors à davantage de mieux-être - autrement dit, plus de croissance correspondait à davantage de développement -, ce n’est plus le cas aujourd’hui alors que le facteur limitant apparaît être l’environnement. De nos jours, davantage de croissance correspond souvent à une dégradation de l’environnement et des ressources humaines. Dès lors, comme l’enseignaient Schumpeter et Perroux, la croissance, qui est unidimensionnelle, quantitative et matérialiste, doit être distinguée du développement, lequel est un phénomène multidimensionnel.

La tâche assignée alors à l’économiste est de concevoir l’instauration d’un "développement orienté vers des activités dont l’aspect matériel est secondaire et s’adressant aux besoins illimités de l’être" - une perspective qui, quinze ans plus tard, lors de la réédition de cet ouvrage, sera devenue celle du développement durable