Libres Savoirs

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* Livre : Libres Savoirs : les biens communs de la connaissance. C&F éditions.

URL = http://cfeditions.com/libresSavoirs)


Recensions

1. Olivier Fournout, recension sur le site Nonfiction.fr.

[1] Extraits :

Études inédites et articles de référence, pour une approche transversale

Le grand mérite de cette publication est, pour le lecteur qui souhaite s’initier à ces questions, comme pour celui qui voudrait en approfondir certaines, d’offrir un panorama d’études inédites et d’articles de référence pour la première fois traduits en français. L’approche est transversale, multipliant les coups de projecteur sur des secteurs aussi divers que l’agriculture, la santé, l’éducation, la génétique, la culture, la science, l’internet, l’industrie du logiciel... Il en ressort un ensemble d’expériences foisonnantes, articulées entre elles par les enjeux qu’elles partagent, notamment juridiques, philosophiques, pragmatiques et communicationnels. La perspective du temps long, historique, côtoie celle de l’actualité.

[...]

L’information brute devrait-elle suffire à déterminer une politique et une éthique du vivant ? Non, répond Guy Kastler, et il évoque deux types d’arguments, qui valent tout aussi bien pour défendre, plus généralement dans toute situation de communication interhumaine, la conception alternative de l’information, qualitative et replacée dans son contexte. Une graine ne se réduit pas à son génome et sa morphologie simplifiée, consignable dans un catalogue.

Elle inclut

«ses caractères agronomiques, gustatifs, nutritionnels, culinaires, d’adaptation aux techniques de transformation, culturels, religieux, paysagers… tous issus de leur ancrage territorial, social et économique» (p.126).

Selon cette seconde conception de l’information, la graine devient le lieu d’inscription de savoirs explicites et implicites, produits d’une histoire et de relations au sein de communautés de production et d’usage. Ce que montrent avec fougue Adelita San Vicente Tello et Areli Carreón de la relation entre le maïs et le Mexique, où cette plante est plus qu'un aliment, mais un constituant essentiel de la collectivité et des humains qui y vivent

[...]

Si « les défenseurs des communs ne cherchent pas à construire une narration globale mais répondent à des besoins très concrets, souvent très locaux » , force est de constater qu’un ouvrage comme celui dont il est question ici contribue à bâtir un discours et un engagement, des concepts et une ambition plus globales. Par-delà les secteurs et les expériences applicatives, il se dégage une utopie que Valérie Peugeot qualifie de « pragmatique » (p.13-19). Une espérance en acte qui, d’un seul geste, propose une éthique relationnelle, d’inspiration contractualiste, égalitaire et durable, et une reconnaissance des spécificités locales et des compétences propres à des groupes. Une utopie qui parvient à saturer en même temps le sens du commun, du partage, et la singularité, la diversité, la liberté d’innovation, sous condition de vraies négociations sur les rapprochements possibles et les différences valorisées. Une sorte de laboratoire de la globalisation responsable.


2. Stéphane Bortzmeyer, une note sur son (excellent) blog :

[2] Extraits :

Qu'est-ce qu'il y a de commun entre la paysanne mexicaine qui réclame de pouvoir faire pousser des semences de maïs de son choix, le parisien qui télécharge de manière nonhadopienne un film qu'il ne peut pas acheter légalement, la chercheuse états-unienne qui veut publier ses découvertes sans enrichir un parasite qui vendra très cher le journal scientifique, le programmeur brésilien qui développe du logiciel libre, et l'industriel indien qui veut fabriquer des médicaments moins chers ? Tous veulent pouvoir utiliser librement le savoir issu des communs. Les communs, ce sont tous les biens, matériels ou intellectuels, qui n'ont pas été capturés par des intérêts privés et qui sont gérés ensemble. Cet ouvrage collectif fait le tour de la question pour les communs immatériels, ceux dont l'usage par l'un ne prive de rien les autres. À travers 27 articles très divers, un vaste tour d'horizon de la question.

[...]

Comme tous les ouvrages collectifs, les articles sont inégaux. Je recommande à mes lecteurs celui d'Adelita San Vicente Tello et Areli Carreón, « Mainmise sur les semences du maïs dans son berceau d'origine », sur la lutte des paysans mexicains pour que les semences mises au point par eux depuis des millénaires ne soient pas confisqués par des compagnies privées qui leur revendront très cher le droit d'utiliser des semences que leurs ancêtres avaient créées.

[...]

À noter que tout n'est évidemment pas simple dans le monde des communs, monde traversé par de nombreux débats. Ainsi, Anupam Chander et Madhavi Sunder dans l'article « La vision romantique du domaine public », proposent une vision plutôt critique, en estimant par exemple que la liberté d'accès au savoir profite surtout à ceux qui sont organisés et équipés pour l'exploiter, et que dans des cas comme celui des savoirs traditionnels, permettre leur accès sous une licence libre risquerait de favoriser uniquement les riches sociétés étrangères. (Je n'ai pas dit que j'étais d'accord, hein, juste que j'appréciais que ce livre ne contenait pas que des articles gentillets et unanimistes sur les beautés des biens communs.)


Voire aussi:

Fiche de lecture : Libres savoirs, les biens communs de la connaissance par Stéphane Bortzmeyer http://www.bortzmeyer.org/libres-savoirs.html

Les communs du savoir. Le laboratoire de la globalisation responsable par Olivier Fournout (Non-fiction.fr) http://www.nonfiction.fr/article-5145-les_communs_du_savoir_le_laboratoire_de_la_globalisation_responsable.htm

Parution du livre « Libres Savoirs : les biens communs de la connaissance » Framablog http://www.framablog.org/index.php/post/2011/05/21/libres-savoirs-biens-communs-de-la-connaissance

Lectures : libres Savoirs http://lectures.revues.org/6444

Libres Savoirs : les biens communs de la connaissance Note de lecture par Jean-Pierre Archambaud http://www.epi.asso.fr/revue/lu/l1109b.htm