EntreNet

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L'Entrenet : ces petites (ou grandes) choses que l’on fait ensemble


Excellent article en français à propos des pratiques intermédiaires favorisées par internet, qui ne sont ni des communautés, ni des relations interpersonnelles.


Voir : http://www.internetactu.net/2006/02/27/lentrenet-ces-petites-ou-grandes-choses-que-lon-fait-ensemble/


"Nous connaissons bien certaines pratiques sociales de l'internet, parce qu'elles correspondent à des catégories dont nous avons l'habitude : la communication interpersonnelle d'un côté, la “communauté de l'autre. Toutes deux subissent des changements profonds dans leurs modalités, dans leur “écologie (agencement et équilibre des modes de communication, gestion des relations en fonction du temps et du contexte…) mais enfin, nous restons en terrain connu.

Il n'en va pas de même de ce qu'il se passe entre ces deux pôles, dans l'univers de plus en plus dense des pratiques individuelles mais pas privées, coopératives mais sans intention ni but particulier, publiques sans y penser, communautaires sans communauté bien définie…

De quoi parle-t-on ?

  • Du statut incertain des blogs, journaux extimes, médias individuels, à la fois personnels et reliés entre eux par une multitude de liens, commentaires, mots-clés (tags), flux RSS, etc. ;
  • Du partage semi-public de ses photos sur Flickr, de ses vidéos sur Dailymotion, de ses fichiers sur les réseaux P2P, de ses liens sur Furl, de ses signets sur Del.icio.us, de ses sources sur Bloglines, de ses contacts sur Linkedin, 6nergies.net ou Netfriends (ou encore via le standard FOAF), de ses centres d'intérêt sur Affinitiz, de son expérience des lieux sur Google Earth, de se! s projets sur 43Things, de ses goûts culinaires ou littéraires sur Allconsuming, de ses arbres généalogiques sur Geneanet, de sa connexion haut débit via FON, de ses cycles de processeur inexploités dans une grille de calcul…
  • De la constitution expresse et souvent éphémère de communautés amicales (et plus si affinités) sur Meetic, politiques sur MoveOn, professionnelles sur OpenBC, ludiques chez les Sims…
  • De l'échange d'avis et d'évaluations sur les acheteurs et les vendeurs d' eBay, les produits d' Amazon (ou de plusieurs vendeurs, comme dans la “Shoposhère de Yahoo!), les billets et les auteurs de Slashdot…

C'est cet univers de pratiques collectives, celui dans lequel les réseaux sont utilisés pour dire et faire des choses ensemble, que je propose d'appeler l'EntreNet. “Entre comme “entre nous, bien sûr, mais aussi comme “intermédiaire : la communication “un à un d'un côté, la communauté de l'autre, ne sont que des cas limites aux deux bouts d'un continuum d'usages. L'essentiel est à chercher entre ces deux pôles.

L'EntreNet ne se confond pas avec le “ Web 2.0“ que l'on peut (si l'on ose, tant on y range des choux et des serviettes) décrire à la fois comme une expérience de plus en plus personnelle et outillée du web, comme la mise en ligne et en réseau d'un nombre croissant d'applications jusqu'ici contraintes à résider sur chaque PC (le web comme système d'exploitation), et comme une expérience de plus en plus sociale du web. Seule la dernière dimension s'apparente à ce que nous désignons comme l'EntreNet. Mais l'EntreNet ne se limite pas au web : on publie sa présence et sa disponibilité sur MSN, on ouvre pour toute la journée un lien vidéo entre les salons de deux êtres chers ou les cafétérias de deux établissements de l'en! treprise, on ouvre sur Skype une téléconférence pour un oui pour un non, on navigue via un logiciel P2P sur le disque dur d'un autre mélomane, on “étiquette avec son mobile un lieu de la ville, pour que ses futurs visiteurs puissent partager l'expérience que l'on en a…

Ces exemples disent assez que l'EntreNet est peuplé de petites choses plutôt que de grands discours, de quotidien plutôt que de projets, de pratiques qui se constatent plutôt que de se planifier. Seule l'agrégation de ces petits actes collectifs produit, éventuellement, des communautés, des mouvements ou des phénomènes. Certains, tels MoveOn, organisent consciemment cette agrégation dans le but de produire une action collective concentrée ; d'autres aident simplement l'agrégation à se produire sans chercher à lui donner un sens ou un impact particuliers.

Un second axe d'oppositions traditionnelles s'emplit également de pratiques intermédiaires : celui qui sépare, dira-t-on, la voie hiérarchique ou la diffusion (top-down“, “1 à n…) de la participation (bottom-up“, “n à 1?…). On présente volontiers les blogs comme une alternative aux médias “traditionnels, voire une reprise de la parole par les “masses. Il y a de ça chez certains blogueurs qui sont (ou deviennent) d'excellents journalistes ou éditorialistes ; mais pour la plupart d'entre eux, il s'agit de bien d'autres choses : d'échange, d'identité, d'affirmer une présence, de se prouver quelque chose à soi-même et à d'autres, d'amuser la galerie, de stocker des pensées au cas où, de s'exhiber, de se masquer derrière les mots, de classer, de partager, de! se faire des amis, ou des ennemis - ou de toute sorte de combinaison de ce qui précède. Il peut aussi s'agir de compléter les médias, de les alerter, de se signaler à eux. Les blogueurs en possession d'images des attentats de Londres ou du cyclone Katrina, ou qui s'affairaient à favoriser les contacts entre les réfugiés de Louisiane, n'ont rien eu de plus pressé que de s'adresser à la presse : on se situe dans l'addition plutôt que l'opposition."