Using Big Data Commons for Local Territorial Development

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= idea proposed in French book: Pierre Larrouy Après Editions UPPR, 2019

Review

In French

Excerpted from Laurent Joffrin:

"La fracture territoriale, l’isolement paradoxal des Français des zones rurales malgré l’omniprésence des réseaux sociaux, ou à cause d’elle, la contradiction entre la contrainte environnementale et le mode de vie de la «France périphérique», toutes choses qui exigent des réformes autrement plus profondes que celles qui ont été annoncées.

C’est la thèse de Pierre Larrouy, économiste, ex-haut fonctionnaire socialiste, qui propose à cette ancienne question sociale des solutions nouvelles. Originale, sa méthode consiste à s’emparer de la révolution numérique en cours pour l’appliquer au gouvernement démocratique des aires géographiques qui forment le cadre de vie spontané de la plupart des Français, communes, agglomérations ou «pays» et qu’il appelle «terres-à-vie».

Branchés sur les réseaux, ces Français produisent naturellement des myriades de données qui retracent leur activité de travail, de loisirs ou de consommation. A cela s’ajoutent les statistiques des administrations et des entreprises qui reflètent la situation économique, sociale et environnementale des territoires en question. Aujourd’hui, ces données sont exploitées de manière disparate, soit par les entreprises qui s’en servent à des fins de marketing, faisant de leurs algorithmes une sorte de «big brother» commercial pour influer sur le comportement des consommateurs, soit par les collectivités locales qui collationnent des statistiques pour aider à l’action publique.

Toutes ces données forment le nouvel or noir de l’économie, approprié à des fins privées ou administratives par des organisations qui surplombent la vie de la société. Or, pour Larrouy, des données sont un «bien commun» produit par les citoyens : il propose, ni plus ni moins, de les collectiviser et de les regrouper pour en faire, grâce à l’intelligence artificielle, l’instrument principal de l’orientation démocratique de l’action collective à l’échelle territoriale. En collationnant et en ordonnant ces informations, en croisant les différentes sources, entreprises, individus, associations, administration, les élus, dans la transparence et sous le contrôle des citoyens, auront à leur disposition un tableau complet de la vie dans leur aire d’action, détectant plus vite les difficultés sociales, les déséquilibres écologiques, les carences industrielles, les besoins non satisfaits et les offres de service ou d’emploi disponibles.

La collectivisation de ces données permet d’envisager une véritable planification de la vie collective, non pas centralisée dans des bureaux parisiens, mais démocratiquement élaborée et placée à la juste échelle, celle des «terres-à-vivre» où évoluent les individus. Grâce à cet instrument intelligent, les citoyens peuvent espérer reprendre le contrôle de leur destin en privilégiant, dans tous les domaines, les «circuits courts» de production et de consommation favorables à la lutte pour le climat, à la résolution, ici et maintenant, des déséquilibres et des injustices, donnant au terme «réseaux sociaux», aujourd’hui accaparé par des multinationales lointaines, son véritable sens.

Devenu «bien commun», outil d’une élaboration collective des actions de service public, le numérique remet à l’honneur l’ancien «socialisme municipal» qui fut jadis une branche féconde du mouvement ouvrier. Pierre Larrouy est socialiste et réformiste. Jouant cartes sur table, il a demandé à l’ancien président François Hollande de préfacer son opus, suggérant que la politique sociale-démocrate, si décriée, peut trouver dans la domestication des réseaux sociaux un pont entre passé et avenir autant qu’une source de renouvellement.

Maîtriser l’économie de marché pour la mettre au service d’un humanisme réinventé, user de la technologie, non pour faire de l’argent, mais pour «faire société» : c’est le sens de l’ouvrage. Planification du devenir social, autogestion de la vie quotidienne, coopération public-privé pour satisfaire les besoins sociaux : les grands ancêtres du socialisme n’eussent pas désavoué cette stratégie collective." (https://www.liberation.fr/debats/2019/06/11/des-reseaux-vraiment-sociaux_1733063)