Mutuelles du travail / travail des communs : regards croisés

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Actes du séminaire du 11 mai 2017, organisé par La Manufacture coopérative & Entreprendre en communs

URL: https://drive.google.com/file/d/0B0bUXtV5vwnTdjVfR1BpMlo2S0k/view

Sommaire

  • Introduction de la journée
  • Les mutuelles de travail : des organisations pour entreprendre en commun ?
    • Introduction
    • Coopératives d’activité et d’emploi : la fabrique de l’autonomie ?
    • Qu’est-ce que le néolibéralisme ?
    • L’autonomie comme entreprise collective
    • Coopaname : une fabrique instituante
    • Discussion avec les communs
    • Échanges avec la salle
  • Le travail des communs au prisme des coopératives
    • Introduction
    • Garder la valeur dans les communs: l'interface avec le marché
    • La Peer to Peer Value
    • Value in the Commons Economy
    • Relations entre les communs et l’État
    • Discussion avec les coopératives
    • Échanges avec la salle

Introduction de la journée

Sébastien BROCA, Entreprendre en communs

Cette journée est consacrée à deux formes de travail atypiques qui se distinguent du modèle habituel des salariés à temps plein :

  • le travail des entrepreneurs salariés au sein des CAE (Coopératives d’activité et d’emploi), aussi appelées mutuelles de travail ;
  • le travail des communs, ce terme désignant les contributeurs aux ressources partagées, telles que les logiciels libres ou Wikipédia.

Ces formes de travail ne manquent évidemment pas de soulever des questions. Quel type de rémunération impliquent-elles ? Comment sont-elles encadrées sur les plans juridique et contractuel ? Quels sont les modèles de gouvernance, d’organisation au travail et de rapports entre individus qui en découlent ? Les différents intervenants de la journée tenteront d’y répondre.

Catherine BODET, La Manufacture coopérative

Je vous souhaite la bienvenue dans ce lieu chargé d'histoire et de naissances ! Nous avions imaginé la journée au départ comme un partage de nos recherches en petits comité, et puis le projet a évolué. Notre intuition est qu'il y a des choses à croiser entre nos travaux et le monde des communs. La Manufacture coopérative est née d'une conviction – le modèle coopératif apporte des solutions face aux crises que l'on traverse – et d'un constat – la coopération se heurte aux habitudes, à la méconnaissance (on apprend plutôt la concurrence à l'école), aux égos, au manque d'outils...


Notre action se porte sur 3 activités, qui sont de fait très interconnectées :

  1. Le co-accompagnement : l'objectif est de permettre à des collectifs de travail ou de projet de résoudre les problèmes qu'ils rencontrent entre pairs. Avec l'idée que chacun-e a quelque chose à apporter aux autres, de part son expérience, et en retour peut apprendre des autres.
  2. Les interventions : il s'agit de l'accompagnement plus direct de collectifs qui font appel à nous pour un appui spécifique sur différents aspects, qui peuvent être : la création de nouvelles structures, le renforcement de la vie démocratique, les questions de transmission...
  3. La recherche-action : la recherche au sein de la coopérative se nourri et nourrit en retour les interventions et le co-accompagnement. L'objectif est de co-construire du savoir par et pour l'action.

Un des thèmes particulièrement important pour nous est celui du travail, et de l'évolution des modèles de travail, qui est ancré dans notre histoire commune avec les coopératives Coopaname et Oxalis. La question centrale est : Comment le modèle coopératif peut contrer les tendances à l'individualisation de la relation de travail, tout en permettant l'autonomisation des personnes ? Nous travaillons également sur les questions de genre et d'égalité entre les femmes et les hommes : le modèle coopératif attire les femmes (64 % à Coopaname). Cela nous amène à réfléchir sur les formes d'une organisation collective inclusive.


Dernier point sur le lieu où nous trouvons aujourd'hui. La Manufacture coopérative a ses locaux depuis le début de l'année aux Grands Voisins, et on est ravi de participer à cette belle aventure, et heureux d'avoir la possibilité de vous accueillir ici. Il s'agit d'une occupation temporaire de l'ancien hôpital St Vincent de Paul, avant démolition à la fin de l’année 2017 et construction d'un éco quartier.

Le caractère éphémère de cet endroit lui confère une effervescence créative et énergisante : c'est maintenant que ça se passe, on ne se projette pas, on agit. La mixité et la diversité des projets sont également intéressantes : 600 personnes en hébergement d'urgence, notamment des migrants, vivent ici ; entre 800 et 1 000 personnes viennent y travailler chaque jour, pour beaucoup dans de petites structures, qui n’auraient pas pu trouver de bureaux dans les conditions actuelles du marché ; de nombreux visiteurs viennent s'y promener, y déjeuner ou passer la soirée. Tout cela ne serait pas possible sans un super boulot des trois associations qui gèrent ce lieu – Aurore, Yes We Camp et Plateau Urbain – qui ont donné comme « signature » au lieu : La fabrique des communs. Bref, il y a bien une cohérence d'être ici aujourd'hui.